CLARA DOUCE McGRATH

“J’aime porter un discours optimiste.Tu fais du long terme avec de l'optimisme et du court terme avec de la peur"

Clara Douce McGrath
“J’aime porter un discours optimiste.
Tu fais du long terme avec de l'optimisme et du court terme avec de la peur"
L'INTERVIEW
De retour tout juste du festival de Cannes, je reçois Clara Douce McGrath, la responsable contenus de “C'est qui la boss” le média incontournable de l’empowerment feminin crée en 2019 par Mélony Manar pour inspirer, fédérer et donner aux femmes les clés d’une ascension professionnelle assumée. Fatiguée mais contente, Clara Douce prend le temps de revenir sur son parcours. Curieuse, passionnée, ambitieuse et profondément engagée, elle est surnommée « la forceuse » par son équipe — comprenez : elle ne lâche jamais rien. Difficile de nier que C’est qui la boss lui va comme un gant.
D'où viens tu ?
Je suis franco-américaine, née à New York et je suis revenue en France alors que j’avais 5 ans .
Quel est ton parcours, les médias ont-ils toujours fait partie de ton environnement?
J’ai intégré un sport-études danse à l’âge de 11 ans, avec en tête l’objectif de devenir danseuse professionnelle. Cet univers m’a profondément marquée : la discipline, l’exigence, le goût de l’effort. Je passais beaucoup de temps à l’Opéra ; j’ai même eu la chance de rencontrer Caroline Carlson. Par ailleurs, je lisais énormément — essentiellement de la littérature américaine, à l’initiative de mes parents, qui tenaient à ce que je conserve ce lien culturel.
Côté études, j’étais indécise mais j’étais bonne à l’école, on m’a dit “pourquoi pas science po?”. J’ai tenté après le bac et… je l’ai raté monumentalement, j’ai passé aussi des auditions en danse que je n’ai pas eues.. Bref, ce fut une petite période un peu dark.
J’ai alors fait une prépa IEP, et ai repassé l’année suivante Science Po Paris et tous les Instituts d’Etudes Politiques. J’ai finalement atterri à l’IEP de Lille et en tant qu’apprenti au ballet du nord. Mais là c’est la désillusion. Je m’ennuie, fort.
Je me suis orientée vers un master en marketing des risques — en résumé : un master en espionnage, une spécialisation assez proche de l’univers du renseignement. Passionnant, mais difficile d’y trouver un stage quand on possède la double nationalité. J’ai donc bifurqué vers les affaires publiques, d’abord chez Servier, puis en agence, où j’ai travaillé notamment pour Facebook. Un environnement très tech, c’est le début des lives. Ça éveille tout de suite ma curiosité et même me passionne..
C’est également à cette période que j’ai rencontré celle qui allait devenir mon associée, alors qu’elle lançait VOXE, un comparateur de programmes politiques, à l’approche des élections de 2017. J’ai rejoint l’aventure. Nous avons passé des mois à échanger avec les équipes de campagne. Une expérience très riche. Nous avons même créé un chatbot d’actualité quotidienne.
Mais tout change en 2019, Facebook supprime les chatbots. Nous pilotons donc vers une newsletter d’information. Nous lançons le projet le 7 janvier 2020. Le 10 mars, la France est confinée. Et là, ça explose. En 2023, nous ne sommes plus alignées avec mes associées, cela s'arrête.
Comment tu rejoins le média C'est qui la boss ?
J’avais rencontré le CFO qui venait de racheter les “Eclaireuses” devenue aujourd’hui “herstory” et très vite après un deuxième café, j’ai rejoint la verticale Cash sur table de C’est qui la boss. La question de l’argent m’a toujours intéressée et beaucoup de femmes ne sont pas éduquées à l’argent et au patrimoine. Donc je commence et tombe littéralement amoureuse de la boîte. A l’époque, il y a 25 personnes dans la structure, le média Le Gorafi fait partie du même groupe et quand tu as étudié les sciences politiques, tu as été biberonnée à Le Gorafi, j’ai un peu l'impression du coup de rencontrer mes stars.
Au bout de quelques mois, je pars en congé maternité. J’ai du mal à partir tellement je suis accro à mon job. Je reviens aussi très vite et on me propose de devenir responsable des contenus de “C’est qui la boss, la verticale empowerment. .
Les contenus comprennent 4 piliers : les réseaux sociaux, la newsletter, le podcast et le festival mais je m’occupe peu du dernier.
Mon enjeu, c'est la croissance de la communauté avec un objectif ambitieux, 1 millions d'abonnés sur instagram d’ici la fin d’année. Le féminisme est devenu mainstream mais s’éclipse du débat public. J’aime porter un discours optimiste.Tu fais du long terme avec de l'optimisme et du court terme avec de la peur.
Tu nous parle de ton nouveau podcast?
Il va s'appeler “Ta mère ! “ Cela parlera de maternité mais autrement. Je ne suis pas satisfaite du discours proposé trop mièvre parfois et dans un message excessif de “ ça a révolutionné ma vie ..” comme si, je n’avais pas de sens à ma vie avant d’être mère.
Tu portes un message engagé autour du feminisme, quel est le fondement de cet engagement ?
A New York, j’étais dans une école de filles, mes meilleures copines de maternelle sont d’ailleurs toujours mes meilleures copines. Même si j’étais vraiment petite quand je suis arrivée en France, je me suis rendue compte par exemple qu’on interrogeait plus les garçons que les filles en Math et en sciences, je me souviens que cela me rendait dingue. C’est un exemple mais je crois que cette valeur a toujours fait partie de moi, l’égalité entre les hommes et les femmes.
Tu écoutes des podcasts, tu nous partages ta playlist ?
J’écoute en effet beaucoup de podcast… 1 par jour environ :
> betches un média américain,un podcast oversharing qui répond aux questions de l'audience
> financial feminist un podcast d'une influenceuse américaine
> mediarama pour le taff
> décalés, créé par lea hirtel sur les fratries de personnes handicapées mentales. Comment les familles se recomposent autour du handicap, c’est positif sans être niais. Personnellement, j’ai grandi avec 2 tantes handicapées atteintes du syndrome de Lennox Gastaut. Le sujet me touche particulièrement.
Pourquoi as-tu rejoint le réseau Women & Podcasts ?
Au départ pour des raisons personnelles, je trouve que tout le monde a son podcast mais que nous avons du mal à nous différencier, je cherchais alors des conseils pour mieux produire etc. Et après je trouve que se nourrir des autres, échanger sur ses idées, ses problématiques est la clé pour progresser. Au début, on me disait qu'il ne fallait pas parler de ses projets, de ses nouvelles idées, qu’il fallait que cela reste confidentiel. En réalité je pense que c’est faux, parler de ses idées, de ses envies, te permet de faire avancer ta réflexion, d'être plus efficace, plus intelligente dans la manière dont tu vas la délivrer ou la transformer. Un réseau sert à ça.
Une info croustillante que l'on ne sait pas déjà de toi ?
J’ai une obsession un peu malsaine pour Patrick Cohen (rires), Je regarde et écoute toutes ces chroniques, intervention. Si je le croise, je peux tomber dans les pommes (rires)
