NICOLE EWECK

"Je suis confiante, je suis puissante. Je suis digne d'amour et de succès."
L'interview🎙
Ce mois-ci nous avons rencontré Nicole Eweck, artiste, entrepreneure et podcasteuse engagée (Wetalk Podcast), elle nous raconte son parcours et comment elle a réussi à se frayer un chemin, affirmer sa valeur hors des codes et injonctions. Un portrait et un discours plein de sens, vous verrez.
Comment te présenterais-tu ?
Je suis une femme de 42 ans qui a aujourd'hui transformé ses défis, ses épreuves en opportunités Je suis un peu de celles qui rassemblent tous ceux qui pourront se reconnaître dans des parcours atypiques et qui transforment leurs échecs en réussites.
Avant de te lancer dans le podcast, quel était ton rapport à l'audio ?
J'ai grandi au Cameroun, et à l'époque les parents recevaient une prime de naissance. Avec la prime, mon père, lui, a acheté une radio. Et il l’a appelée la radio de Nicole. Pour moi, l'audio, ça me ramène à mon père, à des moments merveilleux de ma vie. Le dimanche vers midi, mon père écoutait son match de foot à la radio, on écoutait aussi l’émission L'aventure mystérieuse (des contes qui font peur) après le repas du soir. C'est un moment intime où on se connecte, on se crée un imaginaire. C’est bien de m'avoir ramenée à ça. J’avais presque oublié.
Finalement dès ta naissance, tu étais prédestinée à l'audio?
La radio de Nicole existe encore en effet (rires). Elle et moi, nous avons le même âge. C’était sans doute un signe.
Quel a été ton rapport à la culture ? Tu parlais d’imaginaire, qu’est-ce qui A ET QUI nourrit ENCORE ton imaginaire ?
Alors j'ai beaucoup lu, mon père nous a beaucoup incité à lire, tout type d'auteurs, que ce soit, Sartres, Richard Wright, des auteurs africains aussi comme Amadou Hampâté Bâ, Camara Laye, Mongo Béti. J'avoue que je lis moins aujourd'hui parce que ça va trop vite, parce que je suis trop occupée, parce que si, parce que ça… Mais la culture m’a toujours passionnée et me passionne toujours. Aujourd'hui, je me définis plus comme une artiste en réalité. Je fais de la photo et ai déjà été exposée. La musique aussi, je l’ai découverte réellement à l'âge de 33 ans et je suis devenue musicienne. Un jour je vais acheter ma guitare et je me mets à jouer. Je prends des cours de guitare et de chant et au bout de deux ans, je compose un album.
Bref, il y a des choses qui sont un peu sorties à un moment de ma vie et qui aujourd'hui font toute ma personnalité.
Tu dirais que tu étais une artiste cachée ?
Oui, visiblement. Il y a des cadres d'éducation où on ne t'autorise pas à devenir artiste. Ce n'est pas dans le schéma. Artiste n'était pas du tout une voie possible pour moi, je pense également que c'est le cas dans beaucoup de pays africains.
Tu parlais de parcours atypique, AS-TU eu le sentiment que ton parcours ETAIT HORS CADRE et que tu n'allais pas réussir ?
Pendant longtemps, j’ai eu ce sentiment diffus de ne rentrer dans aucune case. Tu sais, ce schéma bien établi : faire une bonne école, décrocher un bon job, gravir les échelons, se marier, avoir des enfants, une maison, un chien, de l’argent… Moi, je ne cochais aucune de ces cases. Je ne suivais aucun code. Mais avec du recul, je crois qu’on est bien plus nombreux qu’on ne le pense à avoir des parcours atypiques. Le vrai défi, c’est de les assumer.
Au départ, je m’imaginais en blouse blanche, pas derrière un micro ou dans un bureau de com’. Je visais la médecine. Mais ce choix impliquait de rester au Cameroun. Or, j’avais soif d’ailleurs. J’ai donc bifurqué vers des études de gestion. Et un jour, un peu par hasard – au moment de choisir mon master – je me suis retrouvée dans le marketing et la communication. Je ne saurais même pas dire pourquoi. C’est comme si le chemin s’était dessiné sans moi. J’ai intégré une agence, obtenu mon premier job… que j’ai vite perdu. Je n’étais pas faite pour cet environnement. Ça a été un vrai choc. Mon premier échec cuisant. J’ai alors tenté l’entrepreneuriat. Puis je suis retournée en entreprise. Mais se faire une place, après tout ça, n’a rien eu d’évident. J’ai refait un détour par l’entrepreneuriat. Que des montagnes russes, des ascenseurs émotionnels. Et à force de hauts et de bas, on finit vidé, épuisé.
À l’approche de mes 40 ans, une pensée me hantait : "Je n’ai rien réussi. Absolument rien." En tout cas, rien qui entre dans les cadres imposés par la société.
Et c’est là que je me suis posée une vraie question : "Qu’est-ce que je peux faire pour donner du sens à tout ça ?"
Quel a été le déclic pour donner du sens à ton parcours ?
C’est la puissance du lien, qui arrive en 2023 à un moment de crise identitaire. Je m'inscris à a première édition et je vais à un événement le 8 mars. Et là, c'est une claque d'inspiration. Je me reconnais dans les histoires, dans les blessures, je me reconnais dans les doutes et ça me fait un bien fou. Et surtout c'est une vraie révélation sur ma vie, sur moi-même.
Pourquoi avoir choisi de lancer un podcast ?
Je ressentais ce besoin profond de donner du sens à mon parcours, à toutes ces montagnes russes que j’avais traversées. C’est comme ça que l’idée m’est venue : offrir un espace de parole à celles et ceux qui, comme moi, ne rentrent pas dans les cases. Je voulais qu’ils me racontent comment ils avaient appris à assumer leur chemin, la tête haute. Je fonctionne beaucoup à l’intuition, à l’élan du cœur. J’ai toujours rêvé de créer un média. Alors, quand est venu le moment de redonner du sens à ma vie, la seule évidence, c’était de créer un podcast. Comme lorsque je me lance dans la musique ou dans la photo : ça part d’un besoin, d’une impulsion.Il n’y a pas eu de stratégie, pas de business plan,juste une envie claire et viscérale de créer.
Alors j’ai commencé, simplement. Et, comme pour mes compositions musicales, quand je démarre, je n’écoute rien autour de moi. Je ne veux pas être influencée. Je veux que ce que je crée porte mon identité, mon regard, ma voix. C’est ça qui m’obsède au moment de me lancer. Ce n’est qu’après, une fois l’intuition posée, que je me penche sur ce qui existe, que je cherche des partenaires, des studios. C’est là que j’ai rencontré Arnaud. Ensemble, on a monté le studio pour produire et réaliser les épisodes. Et depuis, ce projet me porte. Il m’ouvre des portes, me permet de rencontrer des personnes incroyables qui m’inspirent chaque jour un peu plus.
La question de la diversité des parcours pose aussi la question de la diversité au sens plus large, est-ce que tu dirais c’est un point fort de ton podcast ?
La question de la diversité est essentielle, oui. Mais je tenais à ce que mon média ne soit pas limité à une seule communauté. On m’a parfois suggéré de cibler uniquement un public afro, de n’inviter que des personnes noires. Mais en y réfléchissant, j’ai compris que ce n’était pas ma vision. Parce que l’échec, lui, ne connaît ni couleur, ni culture. C’est un thème universel, qui traverse toutes les origines, toutes les croyances, tous les milieux. Chaque personne, à un moment ou à un autre, est confronté à la chute, au doute, à la remise en question. Et une histoire, au fond, c’est avant tout un parcours de vie. Ce qui m’intéresse, c’est l’humain. Ce que la personne a traversé, ce qu’elle en a fait, et comment elle s’est relevée. Pour moi, ça dépasse largement les barrières que la société, ou parfois nous-mêmes, avons construites entre les uns et les autres.
Tu filmes aussi intégralement ton podcast, un coût de production plus élevé, comment fais-tu pour le financer ?
Pour l’instant c’est moi qui finance tout à 100% mais je cherche depuis peu des sponsors. Je suis très investie dans ce projet.
On parlait d’inspiration, peux-tu nous partager tes “inspis” du moment ?
Un podcast ? Le podcast, les Pieds sur terre. Je l’écoute depuis longtemps.
Un livre ? Le dictionnaire amoureux du féminisme de Rokhaya Diallo. Magnifique.
Une série ? La série The Residence sur Netflix, c’est un cluedo géant, j’adore.
Un mantra ? Alors mon mantra en ce moment, c'est “Je suis confiante, je suis puissante. Je suis digne d'amour et de succès.”
Pourquoi avoir rejoint le réseau Women & Podcasts ?
Je crois puissamment en la force de la Sororité. Ça fait partie de mes valeurs, c’est essentiel d’avoir des femmes qui se sont entraidé, qui sont aujourd'hui ensemble et qui font bouger les lignes notamment avec le podcast. C'est un média qui est de plus en plus connu, mais encore sous exploité, je trouve important qu'on vienne investir ensemble ce média, et qu'on se donne de la force pour y arriver. Se soutenir c’est clé, on finira toutes par briller des unes et des autres.
Petite info croustillante ?
Je sors un album en 2026 !

WE TALK le podcast sur la seconde chance et la résilience. 🔥
🎙 Ici, on parle vrai. On explore ces moments où tout semblait perdu… avant de devenir les tournants d’une réussite inattendue.
WeTalk, c’est l’espace des parcours hors norme, où les personnalités audacieuses partagent sans filtre leurs échecs, leurs doutes et la manière dont ils les ont retournés en opportunités. Parce qu’une chute n’est jamais une fin, mais le début d’un nouveau départ.
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